Quand la grève menace aussi les moyens de paiement…
Depuis le 5 décembre 2019, les grèves font rage dans l’hexagone. L’impact le plus remarqué est celui sur les transports en commun. Cela étant, la centrale CGT de la banque de France a déposé un préavis de grève reconductible à partir du 12 janvier 2020. En l’espèce, deux centres de traitement de billets sont concernés, ce qui veut dire que certains de nos distributeurs pourraient faire face à une pénurie de monnaie fiduciaire.
UN IMPACT QUI POURRAIT LAISSER DES TRACES
Les deux centres de traitement de billets concernés sont des centres qui traitent 25% des billets du pays. Le premier, centre de la Courneuve (Seine-Saint-Denis), est le centre qui traite l’essentiel des billets qui circulent en Île de France. Le second, lui, situé à Sainghin-en-Mélantois (Nord). Le nombre de billets combinés traités par an par ces deux centres est 1,3 milliards de billets par an. Même si la banque de France se veut rassurante sur le sujet, la menace reste réelle, alors que la CGT vise à renforcer la grève. Ainsi, le risque est que les distributeurs automatiques n’auront plus de billets à distribuer à la population. Heureusement, contrairement à 2008, les comptes en banque ne seront pas impactés.
Mais quel problème cela pose-t-il dans une ère où les transactions dématérialisées sont de plus en plus importantes ? Même si en 2018, 67% des français disaient préférer payer par carte bancaire, pour les dépenses quotidiennes, les monnaies liquides restent le moyen de paiement le plus utilisé. Et ce, même si les billets n’ont pas de valeur intrinsèque. Une majorité des français vont possiblement être contraints de se rabattre sur les autres moyens de paiement. Cela peut donc être un petit coup de pouce pour encourager la dématérialisation … ou encourager la production de faux billets. Bien sûr, de nos jours, les escroqueries aux billets contrefaits sont très marginales (3 par jour en 2018 en moyenne sur toute la France). Ici, on parle bien sûr d’un scénario catastrophe qui a peu de chances d’arriver. La carte bancaire, en plus de permettre le retrait d’argent liquide auprès des distributeurs, permet aussi d’effectuer les transactions directement.
RÉSUMÉ DE L’HISTOIRE DE LA MONNAIE
C’est logiquement la monnaie la plus ancienne. Par le passé, il s’agissait d’une monnaie étalon. Ainsi, la monnaie était une contrepartie d’un produit étalon, dans la plupart des cas, l’or. Petit à petit, la confiance en la monnaie fiduciaire a grandi, à tel point que de nos jours, la monnaie n’est plus du tout référencée sur l’or mais n’est plus que garantie par l’Etat. Ainsi, en 1944, suite à la conférence de Bretton Woods, la référence pour les monnaies dans le monde n’est plus l’or, mais le dollar, qui lui-même était une monnaie « étalon or ». Et c’est en 1971, que les Etats-Unis de Nixon décident de suspendre la possibilité d’échanger le dollar contre l’or. Les monnaies mondiales deviennent donc fiduciaires et il n’existe plus la possibilité d’échanger les monnaies contre de l’or, directement ou indirectement. Donc, jusqu’en 1971, les billets n’étaient que des reconnaissances de dette, d’où la confiance conférée jusqu’alors. Aujourd’hui, les garants de la valeur de la monnaie sont donc devenus les Etats, par l’intermédiaire des banques centrales. Mais depuis 1971, le groupe carte bancaire est créé.
C’est un moyen de paiement relativement nouveau. On ne parle plus de monnaie fiduciaire mais de monnaie scripturale. Ainsi, le transfert de « valeur » ne se fait plus sous forme de billets ou pièces qui circulent de main en main, mais sous forme d’écritures faites au niveau des banques. Ainsi, en présentant une carte bancaire ou en effectuant un virement, un individu peut payer un commerçant ou une entité un montant prédéterminé, qui sera transféré du premier compte au suivant. Il y a plusieurs avantages à cela : les paiements peuvent s’effectuer à distance (en ligne) et il n’y a pas besoin de transporter des billets et des pièces. Bien sûr, de nouvelles problématiques se posent avec ce type de paiement, mais il demeure tout de même une excellente alternative, au cas où les billets venaient à se raréfier. Le point faible de cela, est qu’à distance, les escroqueries sont légion.
Cette grève des centres de traitement des billets est-elle donc une menace pour la stabilité économique ou bien une opportunité de changer les habitudes quotidiennes des français ? Dans tous les cas, il va falloir une vraie formation des français à l’utilisation des moyens de paiement dématérialisés, puisqu’ils dépendent beaucoup d’informations confidentielles. Les demandes de rançon sont donc plus faciles, et les sites déguisés pour obtenir les informations bancaires des individus existent.